samedi 1 mars 2008

La légende des dames de Meuse.

Meuse - Saint-Mihiel



La légende :
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Il fut un temps où Saint-Mihiel portait le nom de Godonécourt.

Pour une raison que les temps ont effacé, sept fées maléfiques voulurent détruire la ville. Pour ce faire, elles réfléchirent à un moyen original d’arriver à leur fin. Leur choix se porta sur la Meuse qui caresse la ville.

Le printemps venu et leur vengeance ruminée, elle prirent chacun un énorme bloc de pierre dans une carrière voisine et les disposèrent dans la Meuse de manière à former un barrage. Le niveau de l’eau commença à monter menaçant la ville de la ruine. L’archange Michel intervint en faveur de la ville et chassa les sept fées, non sans les obliger à retirer leurs rocs de la Meuse pour les remettre sur le versant de la colline.

Pour montrer leur reconnaissance, les habitants baptisèrent leur cité du nom du saint.


La réalité :

Les roches :

Les sept roches de la légende se trouvent à la sortie de Saint-Mihiel en prenant la direction de Verdun. Les imposants blocs de pierre se sont vus attribuer différents noms : les dames de Meuses, les sept péchés capitaux, les sorcières ou tout simplement les falaises. Mais c’est sous l’appellation « les roches » que vous les trouverez sur une carte IGN. Elles sont un lieu de promenade dominicale et d’escalade.

Les roches sont une des fiertés de Saint-Mihiel puisqu’on les trouve sur le blason de la ville et que la devise de la ville « Donec Moveanture » signifie « jusqu’à ce qu’elles bougent ».

Autre preuve de cette fierté, c’est une des spécialité de la ville de Saint-Mihiel que sont les « rochers ». Il s’agit de chocolats faits à partir de noisettes grillées, concassées et mélangées au chocolat. Le tout est dressé en petits tas pour rappeler les dames de Meuse.

Les différentes roches ont chacune leur nom. La première, la roche du calvaire, porte sur son sommet… un calvaire. Et dans son flan, un saint sépulcre fut taillé en 1772 par Mangeot.



La troisième est la ronde flaise ou grosse roche, la quatrième la roche plate, puis viennent le four du diable, la table du diable et enfin la petiote. Et la deuxième, me direz-vous ? Et bien elle n’a pas ou plus de nom.

Il y a une explication géologique à l’existence de ces 7 roches en enfilade. Tout simplement, elles formaient, il y a très longtemps une falaise continue, mais l’agression continuelle des éléments sur les roches éroda les parties les plus friables de la roche, qui finit par s’effondrer par endroits pour ne laisser que les sept proéminences. Il y a même des auteurs qui vous prouveront que l’érosion est due aux intempéries plutôt qu’à la Meuse qui coule en contrebas, mais je laisse le soin aux amateurs de se reporter à la bibliographie.

Le nom de Saint Mihiel :


La légende fait intervenir Saint Michel et nous nous retrouvons avec Saint Mihiel. En fait Mihiel est la déformation de Michel, il s’agit donc bien du même personnage. Celui-ci est d’ailleurs une christianisation de Mercure, mais nous aurons certainement d’y revenir une prochaine fois.

Mais pourquoi la ville de Saint-Mihiel porte t’il ce nom ? En 709 le seigneur du royaume d’Austrasie, Wulfoade, revenant d’un pèlerinage au Mont Gargan, fonde une abbaye qu’il dédie à Saint Michel, mais nous verrons que c’est là l’objet d’une autre légende. Cette abbaye, c’est l’actuelle ferme Saint Christophe à quelques kilomètres de Saint-Mihiel en direction de Woinville.

Vers 809, Smaradge, qui est l’abbé de Saint-Michel transfert l’abbaye près du village de Godonécourt, le village de notre légende. Godonécourt pourrait provenir de Godon ou Godin, qui semblerait être le propriétaire de la villa mérovingienne qui est à l’origine de la ville. Le changement de nom se serait produit, malheureusement pour notre légende, sous l’influence de l’abbaye qui pousse la ville à croître. Elle porte d’abord le nom de Sanctus Michaël puis devient Saint-Michiel ou Saint-Mihiel. Il a existé beaucoup de variante et d’orthographe pour le nom de cette ville dont certaines ont cohabité. La cité prit même le nom de Roche-sur-Meuse au cours de la révolution, laïcisation oblige.



Plan :

Voici le plan pour se rendre aux dames de Meuse à Saint-Mihiel.


Légendes thématiquement proches :


Légendes géographiquement proches :


Bibliographie :

* En passant par la Lorraine : la jeunesse d’Emile Guérin entre 1892 et 1916. http://gjgg.free.fr/priv/guerr14_18/chap10.htm lu le 29/02/08

La légende des dames de Meuse et l’histoire de Saint-Mihiel racontées avec beaucoup d’humour.

* Le guide de la Lorraine de l’étrange. Jean-Paul Ronecker. 1991. Pages 221-223.

* Si vous passez par la Meuse. Les Gourmandises de Philippe. http://lesgourmandisesdephilippe.zumablog.com/index.php?sujet_id=1430 lu le 29/02/08.

* Le nom de Saint-Mihiel et de ses habitants. H Bernard. Société des lettres, sciences et arts (Bar-le-Duc). 1913. Année 1. Pages 174-184.

Une étude très complète et passionnante sur le nom de la ville.

Erosion des rochers coralliens de Saint-Mihiel. Société géologique de France.1855. Pages 321-325.

6 commentaires:

Mélusine a dit…

Wouah !! Passionnant !!
je suis Lorraine, venue plusieurs fois en Meuse, sillonné tous les coins et je n'avais jamais entendu parler des rochers de St Mihiel ! je sens que je vais venir très souvent te lire pour m'instruire...
A bientôt

Therion a dit…

Merci beaucoup ;)
La région de Saint-Mihiel est pleine de ces lieux qui sentent bon la légende. Il suffit pour s'en prouver de regarder les noms des lieux-dits pour supposer beaucoup de choses. Malheureusement peu sont arrivées jusqu'à nous.

Cette zone de Meuse, tout comme l'Argonne et Verdun, a été très marquée par la première guerre mondiale. Quand on se promène dans le secteur on a donc plus tendance à aller sur les zones de combats qu'à flâner comme on le ferait dans d'autres régions.

Mélusine a dit…

Hélas... Qui dit Verdun, dit guerre, tranchées, combats, etc... Nous oublions facilement le rêve et les légendes tant ces lieux sont marqués par la souffrance !!

Bertaga a dit…

C'est cool, à chaque fois que je viens ici, j'apprends des trucs sympas :)

Comme je n'ai pas ton mail je te fais part ici d'une découverte qui pourrait t'intéresser. J'étais tout l'heure sur le site de Gallica et je suis tombé sur les Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc. Dedans il y a des chapitres qui parlent de "Coutumes religieuses", de "Culte des sources et des fontaines. Empirisme. Sorcellerie et magie", et de "Légendes et contes populaires".
Ca se télécharge ici :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k335220

Therion a dit…

Merci beaucoup Bertaga.

Je suis également tombé dessus sans avoir encore eu le temps de faire le tour des articles.

Dans le même ordre d'idée, et toujours sur Gallica, on trouve (de mémoire) "Le pays Lorrain", le bulletin de la société philomatique de verdun, et le bulletin de la société d'émulation des Vosges.

Toutes ces publications sont issues de sociétés savantes s'intéressant, entre autre, au régionalisme lorrain. Ce sont de vrais mines d'informations sur l'histoire, l'architecture, les us et coutumes, les légendes et croyances, les contes locaux, etc.

Il y a fort à parier que toutes les régions disposent de pareils bulletins. Toutefois, Gallica à fait un effort particulier sur les publications lorraines et aquitaines.

http://gallica.bnf.fr/SocietesSavantes/

Bertaga a dit…

Je vois que nous avons les mêmes sources d'informations ;)