samedi 3 mai 2008

La légende de la croix des mascarades

Croix des mascarades - Verneuil-Grand (55)


La légende :

Cette nuit là, les flocons de neige virevoltaient paresseusement sur fond d’hiver. Douze jeunes gens de Verneuil-Grand parcouraient gaiement le chemin enneigé joignant leur village à Verneuil-Petit. En ce jour de carnaval, tous arboraient un masque et le petit groupe fendait la nuit noire au milieu des champs. Une fois en haut de la côte, près du petit bois communal, ils se rassemblèrent. Quelle ne fut pas leur surprise d’être alors au nombre de seize. Ils revinrent en hâte à Verneuil-Grand où ils se retrouvèrent à nouveau douze. En souvenir de cet événement, une croix fut érigée. C’est la croix des mascarades.


Le chemin partant de Verneuil avec la croix en haut de la côte


La réalité :

Il est possible d’interpréter cette légende de différentes façons, mais la plus logique serait de voir dans les quatre personnages surnuméraires, des défunts se joignant aux vivants. Ce thème est repris dans de nombreuses légendes qui aiment à faire apparaître les morts parmi les vivants. Parfois il y a interaction, et parfois ils se contentent d’être là. Il existe d’ailleurs des légendes très similaires mettant en scène des apparitions.



La croix des mascarades : une histoire toute autre.

En haut du village de Verneuil-Grand se trouve la croix des mascarades. Dans son sens premier, une mascarade est une réunion de gens masqués ou déguisés. Le nom de la croix est donc en parfaitement en phase avec notre légende. La croix d’origine datant, à priori, du 17ème siècle n’est plus en place. Il semble que son socle d’origine soit par contre encore visible. D’après le service régional de l’inventaire sur le socle se trouvait un christ en croix haut de 72cm, aujourd’hui en dépôt chez un particulier.

Actuellement en lieu et place de la croix des mascarades se trouve une très grande représentation d’un christ en croix accompagné de la Vierge, de sainte Madeleine et de saint Jean.



Quand à son origine et celui de son nom, le service de l’inventaire du patrimoine nous donne une explication différente de la légende. Elle aurait été édifiée après le décès d’un jeune survenu au cours d’une rixe, un soir de carnaval. L’explication est crédible car parmi les nombreux calvaires de bord de route, certains commémorent des décès.


Le chemin du retour. Verneuil est dans le val.


Plan :

Voici le plan pour vous rendre à la croix des mascarades. Un fois dans le village de Verneuil-Grand, il suffit de prendre à pied, sur 300 mètres, le chemin qui part plein nord.


Légendes thématiquement proches :


Légendes géographiquement proches :


Bibliographie :

* Légendes Lorraines de Mémoire Celte. Roger Wadier. 2004. Pages 104-105. Un très bon ouvrage avec un commentaire pour chaque légende compilée.

* Base de données « Palissy ». http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/

* Verneuil-Grand sur le Quid. http://www.quid.fr/communes.html?mode=detail&id=21540&req=Verneuil-Grand&style=fiche

4 commentaires:

Bertaga a dit…

Mais si la croix a été construite suite au décès d'une seule personne, pourquoi la légende parle-t-elle de 4 revenants ?

Etrange...

Therion a dit…

Je pense que la légende n'a gardé que la date du carnaval, le reste est certainement né de ma tradition orale avec ce qu'elle comporte de déformation et "d'améliorations".
Je ne sais pas si tu as déjà joué au jeu du "téléphone arabe"; c'est fascinant de voir comment on peut complètement déformer une simple phrase. Les légendes c'est un peu pareil, sauf qu'il y a en plus un énorme facteur "croyance populaire" variable suivant la région, ainsi qu'un effet d'enjolivement ou d'appauvrissement selon celui qui conte l'histoire.

Au final le mort est devenu un revenant ; et 1 est devenu 4, parce que c'est quand même plus impressionnant. Et voila comment on peut transformer un simple fait divers en légende fantastique. Je suppute, mais il y a des chances qu'il y ait un peu de ça.

La seconde hypothèse c'est la création de toute pièce comme cela arrive parfois. Je vous prépare d'ailleurs un exemple pour la prochaine mise à jour.

Mélusine a dit…

C'est vrai que les légendes évoluent et ne se ressemblent pas d'un lieu à un autre, même si le thème principal reste le même...

Therion a dit…

C'est bien vrai. Il faut toujours garder en tête que les légendes qui sont reportées fidèlement par les ouvrages de référence, ne sont qu'un instantané prit à un moment donné. Elles ont certainement été très différentes quelques années avant, et si la vox populi les a porté encore plus tard, elles ont sans aucun doute encore évolué. Pour preuve les légendes urbaines actuelles : voyez à quel point l'évolution peu être rapide et surtout multiple.

Les thèmes quand à eux sont souvent partagés entre plusieurs régions. Pour preuve, il existe une classification internationale des légendes. J'essayerai de vous en parler plus en détail une prochaine fois. Cette classification donne un e indexation des légendes existante en fonction du thème et des variantes. Il me semble qu'il y avait quelque chose comme 2000 thèmes différents, c'est à dire finalement pas énormément par rapport au nombre de lieux avec une légende. A titre de comparaison on compte classiquement un millier de légende rien qu'en Alsace. Autant dire qu'il y a des redites et des transpositions.